Le front populaire

ciné-archives
        • La production et la distribution des films du Front Populaire

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            • Photogramme extrait de "Le défilé des 500 000 manifestants", 1935, réalisation anonyme

            • Qui participe à la fabrication de ces films ?

              Des techniciens syndiqués à la CGT réunifiée, qui sont nombreux et mobilisables depuis les grèves.
              Pour les réalisateurs, il s’agit de démarches plus individuelles : Jean Epstein ou Germaine Dulac, ont toujours été des dissidents du système (à l’Avant-Garde des années Vingt, ils touchent en 36 à la fin de leur carrière).
              Il y a aussi l’effet école  de ce cinéma : des gens comme Jacques Becker ou Jean-Paul Dreyfus (Le Chanois) débutent vraiment dans la réalisation par ce biais-là.
              Le cas de Jean Renoir est remarquable, car c’est l’un des rares cinéastes à circuler sans encombres du cinéma commercial au cinéma militant , à réaliser successivement le film électoral du PCF en 1936 "La Vie est à nous", et "La Grande Illusion", succès en salles en 1937. Depuis la réalisation de "Toni" (1934) et du "Crime de Mr Lange" (1935), on peut penser qu’il est entré dans une phase d’engagement à gauche, ou tout simplement qu’il adhère au mouvement de l’Histoire.


            • Où voit-on ces films pendant le Front Populaire ?

              A cette époque, le circuit cinématographique est entièrement privé, et il n’existe pas de salles d’Etat. La diffusion de ces films demeure donc pour l’essentiel, à la marge : dans les meetings et les fêtes du PCF, de la CGT, de l’Association des amis de l’URSS, de Mai 1936.


              La donne change-t-elle à partir de mai/juin 1936 ?

              Pas vraiment, car le gouvernement du Front Populaire n’a pas le temps, avant 1939, de mettre en place une politique publique du cinéma. La censure demeure à peu près telle quelle (L’interdiction de "La Vie est à nous" n’est pas levée), et le circuit cinématographique reste entièrement privé. Mais les réflexions produites par le Front populaire en matière de réglementation publique et d’intervention de l’Etat dans le cinéma ne resteront pas lettre morte et sont à l’origine de l’actuel Centre national du cinema.

            • Extrait de "La vie est à nous", 1936, réalisation collective, NB, sonore, 6 min
            • Quel aspect vous frappe aujourd’hui dans cette production militante du Front Populaire ?

              Même si, cette production, sur trois ans, est restée confinée à un circuit militant, elle a été un fait nouveau et exceptionnel, qui témoigne, avec la syndicalisation massive des techniciens du film, d’un degré étonnamment élevé de mobilisation et d’engagement des gens de cinéma. Des professions techniques, mais aussi des écrivains, des musiciens, qui collaborent à la réalisation de ces films.
              Cet engagement se signale d’ailleurs aussi dans le cinéma commercial : A voir "La Grande Illusion", succès en salles produit par une société privée, on est frappé de constater à quel point c’est clairement un film de gauche. Et des films comme "La belle Equipe" de Duvivier ou "Le Crime de Monsieur Lange" de Renoir sortis en 1936, sont des films qui racontent quand même l’histoire de gens essayant de monter une coopérative.



              Cet interview de Pascal Ory a été réalisé par Ciné-Archives et publié dans le hors-série de l'Humanité "1936. Front Populaire : L'Espoir" (épuisé - p.4-7).