La Fête de l'Humanité

ciné-archives
        • L’Humanité, un quotidien et ses films

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            • Photogramme extrait de "Fête de l'Humanité 1953" (réalisation : Marie Bourgogne)
            • Dès les années 1920, l’Humanité a voulu utiliser le cinéma. Dans le champ communiste, le quotidien s’est affirmé comme un initiateur de projets cinématographiques, puis audiovisuels, très dynamique. Si des films retraçant l’histoire du journal, ou illustrant son fonctionnement, ont pu être réalisés, c’est d’abord la fête qui s’impose, sur le temps long, comme une thématique cinématographique récurrente.

              Pour rendre compte en image de sa fête, l’Humanité a essentiellement eu recours aux moyens de production et de diffusion mis en place dans le sillage du PCF. Apparaissent donc aux génériques des films sur la fête les sociétés de production et de diffusion créées sous l’égide communiste, comme par exemple Les Films populaires, Ciné-France ou Unicité. La plupart du temps, ce sont des techniciens membres du PCF, ou proches de celui-ci, qui ont assumé la fabrication des films. 

              A ces films de facture «  professionnelle  », s’en ajoutent d’autres, réalisés par des militants cinéastes amateurs. Au  résultat, un véritable corpus de films dédiés à la fête de l’Huma peut être identifié dans le fonds Ciné-Archives.

        • Permanences et mutations cinématographiques

            • Filmer la fête de l’Huma permet tout d’abord de garder une trace de l’événement et peut s’inscrire dans une démarche mémorielle. C’est aussi une manière de se présenter, et de se représenter, pour l’Humanité, et pour le PCF. Mieux que le texte ou le son, l’image animée permet de bien mettre en valeur l’ampleur de la fête, et l’engouement suscité par celle-ci. A cet égard, les plans décrivant la foule, déambulant dans les allées de la fête, ou massée pour assister à un discours ou à un concert, sont particulièrement évocateurs. Des années 1930 à la fin des années 1970, les films sur la fête de l’Huma illustrent la puissance de rassemblement du PCF, preuve de son rayonnement politique. L’image animée a enfin une portée symbolique : elle rend compte d’une culture et d’une sociabilité militantes reposant sur un certain nombre de pratiques et de valeurs communes.

              Afin de relater la fête de l’Huma, certains motifs ont été souvent réemployés. Les séquences dédiées à la préparation de la fête, à l’arrivée des participants, à la présentation des stands ou encore aux spectacles et discours se retrouvent d’un film à l’autre.
              A ces invariants, s’ajoutent bien sûr quelques nouveautés. Les évolutions techniques multiplient les possibilités au fil des décennies, par exemple pour filmer en couleurs, ou enregistrer les sons en extérieur. A la fin des années 1960, la parole des militants ou des visiteurs, captée dans les allées de la fête, est de plus en plus présente dans les films. On sent là également l’influence de la télévision, qui devient à la fin des années 1970 un débouché en termes de diffusion. 
              De plus, l’arrivée de formats d’enregistrement vidéo, et plus récemment numériques, a permis de filmer certains événements de la fête, comme les concerts ou les spectacles, sous la forme de «  captations  » in extenso

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            • Photogramme extrait de "Fête de l'Humanité 1969" (réalisation : Alain Breuil et Georges Tanret)
        • Un sujet très prisé par les cinéastes amateurs

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            • Photogramme extrait de "Fête de l'Humanité 1969" (réalisation : Robert Laudereau)
            • Depuis les années 1960, de nombreux films sur la fête de l’Humanité sont à mettre à l’initiative des militants cinéastes amateurs, ce qui s’explique par un accès plus facile et « grand public » au matériel de tournage et de montage.
              Les archives de militants cinéastes amateurs déposés à Ciné-Archives témoignent de leur intérêt pour la fête de l’Huma. Si ces réalisations semblent reprendre certains éléments narratifs des films réalisés de manière « professionnelle », elles apportent un autre regard sur la fête. Vue d’une section locale, ou au travers d’une famille, la fête de l’Huma prend une dimension plus personnelle, et souvent plus affective.



              Auteur : Pauline Gallinari
              Maître de conférence à l'Institut d'études européennes de l'Université Paris 8. Auteure de "Les communistes et le cinéma. France, de la Libération aux années 60". Presses Universitaires de Rennes, 2015

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