Robert Laudereau (25 janvier 1924 à Châtillon-16 août 2013 à Châtillon) est issu d’un milieu ouvrier : mère au foyer (mais « très active »*) et père cheminot dans un atelier de réparation ferroviaire. Ses parents, tous deux originaires de la Sarthe, déménagèrent pour demeurer dans le secteur où travaillait le père, à Trappes, puis à Châtillon, dans la maison où est né et où a habité jusqu'à sa mort Robert Laudereau.
Vie professionnelle: Robert Laudereau a commencé à travailler comme ajusteur dans une entreprise de construction de microscopes. Il a suivi des cours du soir d’électronique et de dessin qui lui ont permis de devenir dessinateur industriel dans l'électronique (et notamment pour l'aviation « pas toujours de paix » à la SNECMA). Ce métier versé dans le concret et le visuel rejoignait son intérêt pour « tout ce qui est technique » (la conquête de l’espace l’a passionné. Et il gardait un fort souvenir du musée du Cosmos à Moscou).
La première entreprise d’électronique pour laquelle il a travaillé était située à Montrouge. Puis il est entré à la SNECMA dans le 13ème arrondissement, et par la suite à « la Thomson » à Issy les Moulineaux, qui s’appelait alors la CSF (Compagnie Générale de sans fil). Il y a travaillé jusqu’à son départ en retraite en 1984.
Engagement politique, syndical et culturel: Robert Laudereau est entré au PCF à la Libération, en 1945. Il fut inspiré, disait-il, par l’exemple de son père qui était à la CGT et sans doute aussi membre du parti communiste. Robert fut également très sensible à l’ambiance syndicale qui régnait dans son atelier. Il a donc adhéré à la CGT, et au PCF en parallèle.
Il a beaucoup milité dans sa cellule de quartier (Maurice Gunsbourg). Vendeur de toujours de l’Humanité, il a été conseiller municipal pendant deux des mandatures de Lucien Bailleux (maire communiste de Châtillon de 1959 à 1974).
Dans le syndicalisme, Robert Laudereau a particulièrement aimé « le contact avec les copains ». Secrétaire du comité d’établissement à la Thomson pendant une douzaine d’années, il y a été très actif et en a gardé de forts souvenirs.
L’un des plus importants, à ses yeux, était la mise en place d'un centre de vacances en Savoie, le Hameau des Champs, qui nécessita un gros travail de concertation et de coordination entre collègues de plusieurs centres de la Thomson, mais aussi afin d'obtenir l’accord de la CFDT et de la CGC. Il était particulièrement fier d’avoir trouvé le terrain sur lequel a été bâti le Hameau des champs ; il a réalisé plusieurs films sur ce centre qui est toujours en activité.
Robert Laudereau s’est aussi beaucoup investi dans la pratique et la promotion de l’esperanto : il a été président de la Fédération esperantiste du travail, et donnait des cours à Châtillon. Son intérêt pour l’esperanto a pris corps pendant la guerre. Recruté par le STO pendant trois mois en 1943, il fut rapatrié en France pour cause de maladie et demeura ensuite dans la Sarthe, caché par des familles qu’il connaissait. C’est pendant ce temps qu’il se mit à apprendre l’esperanto, influencé par un copain d’école (son futur beau-frère) qui y excellait et avait même traduit « Pêcheur d’Islande » de Pierre Loti.
Pratique du cinéma amateur. Attiré par le film, Robert Laudereau a commencé à filmer en 1947. Sa première caméra était une 8mm. Il est ensuite passé au super 8 (et même au 16mm), puis en vidéo, 8mm, HI8 et DV. Il s’est équipé de matériel de montage film puis vidéo et avait bricolé lui-même une installation pour faire ses propres télécinéma ; il avait en outre assuré très méthodiquement l'archivage de ses films chez lui.
Ses films sont pour beaucoup des films de famille. Son premier film sur ses activités militantes est sans doute celui qu'il a réalisé à vingt-cinq ans sur le Festival mondial de la jeunesse à Budapest en 1949. Il le tourna de sa propre initiative et une projection en fut organisé par la municipalité communiste de Châtillon.
Robert Laudereau a réalisé des films sur ses voyages dans les pays de l'Est, notamment en URSS et en RDA. Il en a réalisé d'autres sur les activités de culture et loisirs organisées au sein du CE de la Thomson, et particulièrement celles du Hameau des Champs en Savoie. Il a aussi tourné quelques films sur des auberges de jeunesse, dont il était content (il milita beaucoup pour les auberges de jeunesse dès 1947). Enfin, il a filmé diverses actions syndicales et politiques, avec la CGT et le PCF (pour les retraites, l'Appel des Cent...).
Très porté sur la technique, Robert Laudereau a apporté beaucoup de soin à ses prises de vue et à ses montages. Il se souvient d’y avoir travaillé des jours et des nuits. Hormis -exceptionnellement- lorsque ses films recoupaient des actions soutenues par la municipalité de Châtillon, qui en organisait alors la projection (comme celle du Festival mondial de la jeunesse à Budapest en 1949 ou celle de son film de soutien à la grève des mineurs de 1963), les films de Robert Laudereau sur ses activités politiques et syndicales ne furent pas diffusés au-delà du cercle militant des copains.
Robert Laudereau a déposé une partie de ses films à Ciné-Archives à partir de 2005. Les premiers sont ceux qu'il avait tournés sur la fête de l'Humanité et qui avaient fait l'objet d'une collecte de Ciné-Archives dans le cadre de la première édition des Toiles d'Humanité (2005).
*Notes transcrites d'un interview réalisé au domicile de Robert Laudereau le 19 mai 2007.